Des Alisiers sous haute surveillance

Vous ne les aurez peut-être pas loupés au gré de vos randonnées. Malgré leur vert discret, ce sont bien des grillages qui ont été installés ce printemps, dans les combes de la Martinswand, pour venir au secours des Alisiers nains.
Également surnommé Sorbier Petit Néflier (Sorbus chamaemespilus), ce petit arbrisseau au port rampant, haut de 50 cm à 1 mètre, aux bourgeons glabrescents et aux feuilles finement dentées, est adapté au climat rude des combes à neige des cirques glaciaires.
Espèce strictement inféodée à la haute montagne, on le retrouve dans tous les massifs montagneux de France, dans les rochers et escarpements. Dans les Hautes Vosges, il est présent au Grand Ballon, au Wormspel ou encore au Frankenthal.
Sauf que…
En 2011, des inventaires botaniques mettaient en garde sur la situation préoccupante de cette espèce, victime de la dent du chamois. L’étude montrait déjà une forte sensibilité à l’abroutissement, avec nombre de plants dépérissant. La cause : les jeunes rameaux et les bourgeons sont les parties les plus recherchées par le chamois, d’autant plus à la fin de l’hiver lorsque la nourriture est encore maigre ailleurs.
Depuis, la situation ne s’est pas améliorée. Là où l’on comptait une quinzaine de pieds il y a 14 ans, on en retrouve que 4 aujourd’hui, dont 1 seul semble avoir une vigueur suffisante pour repartir, les autres étant quasiment morts. Devant l’urgence de la situation, le gestionnaire a fait le choix de protéger les derniers individus restants, avec une technique qui demande à être améliorée au regard du port rampant de l’espèce.
L’espèce est classée « en danger » sur la liste rouge de la flore menacée dans le Grand Est. Et peut-être qu’il est déjà trop tard pour ces stations, tout comme celles des rosiers sauvages qui ont aujourd’hui quasiment disparus des couloirs.
Alisier nain, Rosiers sauvages, Anémone à fleurs de narcisse, Laiteron des Alpes et de Plumier, Adénostyle, Streptope, Lis martagon, … autant d’espèces emblématiques des cirques glaciaires du Frankenthal et qui sont aujourd’hui mise à mal, sous nos pieds…
Si l’abroutissement n’est pas la seule cause du déclin, la diminution des populations de chamois pour retrouver un équilibre faune-flore satisfaisant constitue un axe de travail prioritaire pour le gestionnaire, grâce aux actions de chasse notamment.
Voir des grillages en montagne, ce n’est pas très durable, ni très beau (mais est-ce pire qu’un réseau de sentiers tentaculaires ?). Cela fera sans doute parler. Mais peut-on raisonnablement laisser tomber nos Alisiers sans rien tenter ?
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