Réserve Naturelle Nationale Ballons Comtois

Patrimoine naturel

La Réserve Naturelle des Ballons Comtois est recouverte à 95%  par de la forêt de moyenne montagne.

Les pentes parfois fortes peuvent être occupées par des éboulis.

Imbriqués en mosaïque dans ce vaste massif forestier, les espaces tourbeux ou prairiaux (chaumes) confèrent à la Réserve un fort potentiel d’accueil pour de nombreuses espèces animales et végétales.

L’eau est également omniprésente sur le site.

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Une forêt aux multiples visages

Dans la Réserve, les hêtraies-sapinières dominent. Le relief, l’altitude ainsi que le climat frais et humide, conviennent parfaitement au hêtre et au sapin. 

Les autres formations végétales rencontrées sont les hêtraies subalpines, les érablaies de pente et les aulnaies- frênaies.

Ces forêts accueillent un riche cortège d’oiseaux : pinson des arbres, troglodyte, mésange noire, cassenoix moucheté…

La gestion forestière menée laisse une place importante au bois mort. Une multitude d’espèces sont inféodées aux micro-habitats qu’il constitue : insectes, champignons, lichens, oiseaux cavernicoles (Pic noir, Chouette de Tengmalm, chevêchette d’Europe)…

Les éboulis, une forte valeur patrimoniale

On trouve des éperons rocheux et des blocs de granit de grande taille sur les versants pentus de la Réserve. La roche est plus ou moins fragmentée et laisse se développer une végétation éparse. 

Bien exposés et couverts d’un sol superficiel et drainant, ils accueillent l’érable sycomore, des fougères et des lichens. Le grand corbeau et le faucon pèlerin y trouvent des sites de nidification privilégiés.

Les éboulis siliceux sont souvent associés aux érablaies, accompagnées d’essences de milieux ouverts  : framboisier, fougères. Lieu de prédilection du chamois, on peut aussi y trouver le lézard des murailles et la coronelle lisse.

 

Les prairies enclavées dans la forêt

Les quatre prairies d’altitude des Ballons Comtois (Ballon de Servance, Beurey, Plain des boeufs et Querty) couvrent près de 75 hectares et sont toutes issues de défrichements anciens.

Outre l’intérêt paysager, elles représentent un enjeu botanique majeur par la diversité des espèces végétales. La callune ou la myrtille sont bien représentées là où la pression de pâturage reste faible. 

Le pipit farlouse, le merle à plastron et l’alouette des champs fréquentent ces milieux. On y trouve également une kyrielle d’espèces d’insectes, pour certains menacés de disparition.  

 

Les tourbières, précieux réservoirs de biodiversité

La Réserve compte deux tourbières principales : le Rossely, alimenté par un ruisseau, et la tourbière de Bravouse, alimentée par les eaux de pluie. De plus petites tourbières de pente ou de sommet parsèment également le territoire.

Ces milieux sont le refuge d’espèces végétales et animales originales et témoins des périodes glaciaires. Inféodées strictement à ces milieux, beaucoup de ces espèces sont rares et menacées : lycopode inondé, camarine noire, drosera, mais aussi certaines espèces d’insectes comme la leucorrhine douteuse (libellule) et le nacré de la canneberge (papillon).

L’eau, ressource omniprésente mais fragile

La Réserve se trouve en tête de quatre bassins versants : celui du Rahin, de l’Ognon, de la Savoureuse et de la Moselle. Les cours d’eau sont soumis à un régime torrentiel. La couche granitique très épaisse, les tourbières et la couverture forestière quasi-continue, contribuent à la régulation de leur débit. Ce système d’éponge naturelle génère un stockage et une épuration des eaux en amont des ruisseaux. Ainsi, l’état des eaux de la Réserve conditionne la qualité et de la quantité de l’eau circulant dans les vallées.

Les cours d’eau de la Grande Goutte et du Rossely accueillent des truites fario et des chabots. La présence de ces deux espèces de poissons, exigeants du point de vue écologique, atteste de la bonne qualité de ces cours d’eau. 

Un brin d'histoire

Dans le massif, l’intérêt de l’homme pour la montagne apparaît au XVIème siècle. En 1559, le secteur de Saint-Antoine est rattaché pour moitié à l’abbaye de Lure (pour l’autre moitié c’est une forêt royale). Les secteurs de Saint-Maurice et de Bussang sont rattachés à l’Abbaye de Remiremont (dont les biens deviennent domaniaux à la Révolution).

Si certains milieux sont proches d’un état naturel (tourbières ou éboulis), le massif présente tout de même des caractéristiques identiques à celui d’un milieu transformé par l’Homme. 

Dès la colonisation de ce massif forestier au Moyen Age, la pauvreté des sols fait du pâturage en forêt un enjeu majeur. Ainsi, la forêt devient une pièce essentielle de la vie locale, en tant que source de survie pour les populations villageoises qui y laissent leurs bêtes en pâture.

Par ailleurs, la richesse minérale du sous-sol fait du massif un enjeu stratégique pour les états puissants qui se disputent cette zone frontière entre les duchés de Lorraine, de Bourgogne et le St Empire. Château-Lambert et Miellin sont des cités minières. Chaque famille obtient le droit d’exploiter la forêt environnante pour ses besoins de construction et de chauffage. Le bois est également utilisé pour l’étayage des galeries et permet le développement de nombreuses fonderies qui transforment sur place le minerai.

L’essor industriel de la région est très précoce et entraîne, dès le XVIIème siècle, le fort développement des scieries, des forges mais surtout des verreries, en quête d’énergie, qui dévorent littéralement l’espace boisé. Cette période s’accompagne d’une augmentation démographique dans les Vosges et la pression sur la forêt atteint son paroxysme. 

Lorsque le code forestier est publié, en 1827, l’Administration des Eaux et Forêts s’oppose au pâturage en forêt. C’est ainsi qu’au cours du XIXème siècle, les exploitations agricoles en montagne sont progressivement abandonnées. Les paysans deviennent ouvriers, c’est le début du processus d’abandon des terres. Quant aux tourbières, une part d’entre elles a fait l’objet d’une exploitation de la tourbe tandis que la plupart a été aménagée pour des besoins agricoles et notamment pastoraux jusqu’à la moitié du XIXème siècle.

Réglementation

Chaque Réserve Naturelle est dotée d’une réglementation qui lui est propre, afin d’assurer sa préservation.

Le décret n° 2002-962 du 4 juillet 2002 portant création de la Réserve Naturelle Nationale des Ballons-Comtois est complété par plusieurs arrêtés préfectoraux.
L’ensemble de ces textes définit les conditions de découverte et encadre les activités sur la Réserve.

Ainsi, sur le territoire de la Réserve, certaines activités sont interdites, d’autres sont réglementées.

Le Parc naturel régional des Ballons des Vosges, gestionnaire désigné par l’État, est missionné pour veiller au respect de la règlementation du site. Pour ce faire, des pouvoirs de police sont conférés aux agents commissionnés et assermentés des Réserves Naturelles.

D’autres services de police peuvent également intervenir sur ce territoire : gendarmerie, Office National des Forêts (ONF), Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS), Agence Française pour la Biodiversité (AFB)…

L’ensemble des textes réglementaires s’appliquant sur le territoire de la Réserve est consultable dans les annexes du plan de gestion.

Règles de base communes à toutes les Réserves Naturelles :

  • pas de modification de l’état des lieux de la Réserve : le territoire classé en Réserve ne peut être ni détruit, ni modifié
  • pas de publicité : la mention « Réserve Naturelle » ne peut pas être utilisée à des fins publicitaires

D’une manière générale, tout projet envisagé dans l’enceinte de la Réserve, quel que soit sa forme (travaux publics, privés, manifestations, études ou suivis scientifiques…), doit recueillir l’avis du Comité Consultatif de la Réserve. Si l’avis est favorable, une autorisation est alors délivrée par le Préfet permettant d’engager le projet.

Sur la Réserve Naturelle des Ballons-Comtois :

  • Les activités existantes à la création de la Réserve Naturelle restent autorisées, si elles sont compatibles avec la préservation du patrimoine naturel.
  • Les nouvelles activités industrielles et commerciales sont interdites.
  • Les nouvelles manifestations, activités sportives, de loisir ou touristiques, ainsi que les travaux, quels qu’ils soient, sont soumis à autorisation.

Le non-respect de la réglementation expose tout contrevenant à une sanction.

Circulation des véhicules à moteur

La circulation des véhicules à moteur est interdite en dehors des voies publiques ouvertes à la circulation.

Circulation des personnes

Du 15 décembre au 14 juillet, la circulation des personnes est interdite en dehors des itinéraires balisés et/ou autorisés, quel que soit le type d’activité.

Toute l’année, la circulation des personnes est interdite dans les zones de protection renforcées des tourbières du Rossely et de Bravouse, quel que soit le type d’activité.

Toute l’année, la circulation des personnes est interdite en dehors des itinéraires balisés et/ou autorisés, pour les activités non pédestres : toutes activités à cheval ou utilisant des roues et/ou roulettes (VTT, cycles, rollers, skateboard…)

Chiens interdits

Sur le territoire de la Réserve les chiens ne sont pas admis.

Même de petite taille, les chiens sont perçus comme une menace par la faune sauvage. Ils peuvent également détruire les couvées des oiseaux nichant au sol ou blesser un animal. Le dérangement des animaux sauvages, notamment l’hiver, peut avoir de lourdes conséquences sur leur survie.

Cueillette et prélèvements

La cueillette ainsi que les prélèvements sont interdits sur le territoire de la Réserve.

Cette règle ne s’applique pas pour la cueillette des myrtilles et des champignons  (voir règle spécifique).

Certaines plantes, souvent rares, sont protégées à l’échelle nationale ou locale.

Cueillette des champignons et myrtilles

La cueillette des myrtilles et le ramassage des champignons à des fins de consommation familiale sont autorisés durant la période du 15 juillet au 14 décembre, dans la limite de 2 kg par jour et par personne, sous réserve des droits des propriétaires et compte tenu des usages en vigueur.

Par ailleurs, lors des opérations de récolte des myrtilles, il est interdit d’arracher ou de mutiler leurs parties ligneuses.

Camping

Le campement sous une tente, dans un véhicule ou dans tout autre abri est interdit.

Le bivouac sous toutes ses formes est interdit, en dehors des refuges.

Feu

Il est interdit de faire du feu dans la Réserve en dehors des places prévues dans et à proximité des abris forestiers (poêles, cheminées, places à feu).

Cette interdiction relève également du code forestier et s’applique dans toutes les forêts, qu’elles soient ou non en Réserve Naturelle.

Déchets

L’abandon de déchets est interdit.

C’est une règle de bon sens qui doit également être appliquée en dehors de la Réserve Naturelle.