Les chaumes

On distingue des différences pédologiques et écologiques entre les chaumes présentent sur la Réserve.

Défrichées pour le pâturage à l’Age de Bronze, lorsque les besoins étaient importants, les plus hautes chaumes, au-dessus de 1 250/1 300 m, sont sans doute restées ouvertes depuis en raison des conditions climatiques plus rigoureuses qui règnent à cette altitude. Les phases d’abandon entre deux épisodes de pastoralisme n’auraient jamais été suffisamment longues pour que la forêt ait pu regagner tout l’espace. Elles se constituent d’une mosaïque de milieux ouverts alternant une végétation rase (pelouse) et des sous-arbrisseaux (lande) comme la myrtille (Vaccinium myrtillus) et la callune (Calluna vulgaris).
Les chaumes les plus basses en altitude auraient quant à elles connu des successions de phases d’utilisation pastorale relativement intense, et d’abandon lors de périodes de déprises diverses. Celles-ci sont plus fortement soumises à la recolonisation par la forêt.

Les hêtraies sommitales

Les milieux forestiers occupent environ 26 % du site. Ils sont en majorité représenté par la hêtraie d’altitude qui matérialise la limite altitudinale de répartition de la forêt. Cette forêt résiste malgré les conditions climatiques très rudes et les pentes parfois très abruptes. Dans une moindre proportion, les milieux forestiers sont aussi représentés par la hêtraie-sapinière et la forêt sur éboulis.

Les têtes de ravin avec érables sycomores, frênes et ormes

Une zone d’éboulis instable se maintient en dessous de la Route des Crêtes, dans un secteur abrupt et humide. Ces éboulis ont été colonisés par le Frêne (Fraxinus excelsior), l’Erable sycomore (Acer pseudoplatanus), puis, une fois stabilisés, par le Hêtre (Fagus sylvatica).

Les sources et petits systèmes tourbeux

Plusieurs sources sont présentes sur le site et deux d’entre-elles se distinguent par un débit plus important, dont celle de la Thur. Le site constitue donc une tête de bassin de cette rivière. Quelques replats permettent de conserver l’eau un peu plus longtemps et donnent naissance à des zones humides (mégaphorbiaies). Une des espèces caractéristiques de ces milieux est la Droséra à feuilles rondes (Drosera rotundifolia).

Patrimoine historique

Dès le Xème siècle, les marcaires, accompagnés de leurs troupeaux, grimpent vers les chaumes, perpétuant une tradition ancestrale d’estive. Au XIIème siècle, le Rothenbach devient une voie de commerce reliant La Bresse à Munster. Entre le XIVème et le XVIIème siècle, des conflits éclatent entre les éleveurs, avides de terres pour leurs troupeaux, alors principale source de revenu. Finalement, les chaumes sont délaissés après la Guerre de Trente ans, entraînant une baisse de la pression agricole sur ces milieux. La Première Guerre mondiale a quant à elle donné naissance à une route militaire stratégique, devenue plus tard la Route des Crêtes. Les bornes présentes sur le site témoignent de l’histoire mouvementée entre la France et l’Allemagne. La marcairerie reconstruite en 1925 est à nouveau détruite lors de la seconde guerre mondiale. En 1988, le bâtiment actuel est construit avec l’objectif de concilier l’activité agricole et une vocation pédagogique. Cette coopération difficile prendra fin une dizaine d’années plus tard, amenant la commune de Wildenstein à affirmer la vocation du site dans la protection de la nature et la pédagogie.