Réserve Naturelle Nationale Massif du Grand Ventron

Patrimoine naturel

Le Massif du Grand Ventron présente deux visages : les pentes douces du versant lorrain et le relief accidenté du versant alsacien. Les différentes conditions du milieu qui en découlent, mais aussi le travail de l’homme depuis des siècles dans ce massif, sont à l’origine de la diversité d’habitats naturels qui en font sa richesse aujourd’hui.

La diversité de la faune et de la flore associée à cette mosaïque de milieux a motivé le classement de ce territoire en Réserve Naturelle Nationale.

Sauvages et en libre évolution pour certains, issus des activités humaines pour d’autres, ces milieux sont représentatifs de la montagne vosgienne :

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Les forêts aux multiples visages

Les formations forestières de la Réserve sont typiques de l’étage montagnard. Elles varient selon les conditions de milieu : gradient d’acidité, d’humidité et d’altitude.

La hêtraie-sapinière est la formation forestière majoritaire. Les érablaies de pente ou sur éboulis, sont situées dans les parties les plus accidentées, tandis que les sapinières à sphaignes se plaisent dans des conditions d’humidité importante. Enfin, sur les crêtes, pousse la hêtraie d’altitude, composée de hêtres de petite taille, sinueux et tortueux.

Couvrant plus de 90% du territoire de la Réserve, ces forêts sont le refuge de nombreuses espèces d’oiseaux, d’insectes, de chauves-souris, de mousses… Ce sont des « réservoirs de biodiversité ». 

Les tourbières, vestiges de la période glaciaires

Différents types de milieux tourbeux sont présents sur le versant lorrain de la Réserve : tourbières hautes actives, à molinie, boisées… Plus rares du côté alsacien, elles n’en demeurent pas moins intéressantes car elles apportent de la diversité au sein du vaste massif forestier.

Seules certaines espèces adaptées (plantes carnivores, par exemple) sont capables de vivre dans ces milieux saturés en eau, très acides et dans lesquels règne un climat froid.

Outre, l’intérêt qu’elles présentent pour la biodiversité, les tourbières offrent de nombreux autres services : régulation des flux d’eau, filtration et épuration de l’eau, étude du climat et des paysages passés à travers l’analyse des pollens emprisonnés dans la tourbe…

Les chaumes

En situation de crête, les cinq chaumes de la Réserve sont issues de défrichements anciens. Des siècles de pratiques pastorales ont contribué à la diversité biologique du site et à sa richesse paysagère.

Les principales formations végétales qui les composent sont les pelouses sommitales à nard raide ou encore les landes à éricacées. Ces milieux abritent des espèces particulières : Callune, Myrtille, Pensée des Vosges, Arnica, insectes, oiseaux liés aux milieux ouverts… 

Les falaises, éperons rocheux et éboulis

Situés sur les pentes abruptes du versant alsacien, ces milieux présentent des conditions climatiques particulières : les flux thermiques y sont très variables selon la saison.

Seules certaines espèces bien adaptées occupent ces milieux : espèces pionnières (lichens, mousses), essences avec un système racinaire superficiel (érable), faucon pèlerin, grand corbeau…

Les milieux aquatiques : eaux de torrents et ruisseaux

Directement à l‘origine des milieux tourbeux, et omniprésente par le biais de sources et d’un chevelu hydrographique extrêmement dense sur le massif, l’eau joue un rôle essentiel. Le fonctionnement pérenne de ces milieux fragiles dépend étroitement de la préservation de la qualité de l’eau et du respect de sa circulation à l’échelle des bassins versants. 

Un brin d'histoire

Le visage actuel du massif du Grand Ventron est le résultat de siècles d’exploitation de ses milieux par l’Homme.

Les paysages du massif du Grand Ventron ont évolué au fil des siècles sous l’effet des activités humaines.

 

Evolution de l’occupation des sols

Milieu sauvage, l’espace forestier vosgien est longtemps resté intact avant de subir des défrichements au profit des espaces en herbe. Les chaumes sont conquises sur la forêt et des paysans commencent à s’y installer avec leurs troupeaux. On y construit des marcaireries pour s’abriter, y abriter le bétail et stocker les denrées. Les paysans alsaciens, qui exploitaient ces chaumes, commencent ensuite à coloniser le versant lorrain, qui moins escarpé, facilitait la descente des troupeaux lorsque la mauvaise saison arrivait. Le nom du village de Ventron, fait d’ailleurs référence au nom « Winter »  qui signifie hiver en allemand.

Outre l’activité pastorale, la forêt a également fait l’objet d’une exploitation, notamment au XVe siècle lors de l’essor industriel. A cette époque, le bois constituait, avec la force hydraulique, une des rares sources d’énergie.  L’implantation d’une verrerie dans le village de Wildenstein à la fin du XIXe siècle, contribua à l’augmentation de la pression sur la ressource en bois puisque des quantités non négligeables étaient nécessaires pour faire fonctionner les fours de l’usine. De nombreux vestiges sont encore visibles sur le terrain témoignant de l’impact de l’Homme sur les peuplements forestiers : traces d’anciennes places à charbon, d’anciens chemins de schlitte… y compris parfois dans des secteurs difficiles d’accès.

Patrimoine historique

En tant que frontière naturelle, le massif du Grand Ventron présente encore aujourd’hui de nombreuses traces des conflits historiques :  Guerre de Trente Ans, bornage de l’ancienne frontière franco-allemande de 1871 à 1918, vestiges des dernières guerres… 

Réglementation

Chaque Réserve Naturelle est dotée d’une réglementation qui lui est propre, afin d’assurer sa préservation.

Le décret n° 89-331 du 22 mai 1989 portant création de la Réserve Naturelle Nationale du Massif du Grand Ventron est complété par plusieurs arrêtés préfectoraux.
L’ensemble de ces textes définit les conditions de découverte et encadre les activités sur la Réserve.
Ainsi, sur le territoire de la Réserve, certaines activités sont interdites, d’autres sont réglementées.

Le Parc naturel régional des Ballons des Vosges, gestionnaire désigné par l’État, est missionné pour veiller au respect de la règlementation du site. Pour ce faire, des pouvoirs de police sont conférés aux agents commissionnés et assermentés des Réserves Naturelles.

D’autres services de police peuvent également intervenir sur ce territoire : gendarmerie, Office National des Forêts (ONF), Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS), Agence Française pour la Biodiversité (AFB)…

L’ensemble des textes réglementaires s’appliquant sur le territoire de la Réserve est consultable dans les annexes du plan de gestion.

Règles de base communes à toutes les Réserves Naturelles :

  • pas de modification de l’état des lieux de la Réserve : le territoire classé en Réserve ne peut être ni détruit, ni modifié
  • pas de publicité : la mention « Réserve Naturelle » ne peut pas être utilisée à des fins publicitaires

D’une manière générale, tout projet envisagé dans l’enceinte de la Réserve, quel que soit sa forme (travaux publics, privés, manifestations, études ou suivis scientifiques…), doit recueillir l’avis du Comité Consultatif de la Réserve. Si l’avis est favorable, une autorisation est alors délivrée par le Préfet permettant d’engager le projet.

Sur la Réserve Naturelle du Massif du Grand Ventron :

  • Les activités existantes à la création de la Réserve Naturelle restent autorisées, si elles sont compatibles avec la préservation du patrimoine naturel.
  • Les nouvelles activités industrielles et commerciales sont interdites.
  • Les nouvelles manifestations, activités sportives, de loisir ou touristiques, ainsi que les travaux, quels qu’ils soient, sont soumis à autorisation.

Le non-respect de la réglementation expose tout contrevenant à une sanction. 

Circulation des personnes

Sur l’ensemble du territoire de la Réserve, la circulation des personnes en dehors des sentiers balisés Club Vosgien et des voies ouvertes à la circulation des véhicules est interdite du 1er décembre au 30 juin.

Ceci afin de limiter l’érosion des milieux naturels et limiter le dérangement de la faune sauvage.

Circulation des véhicules à moteur

La circulation des véhicules à moteur est autorisée uniquement sur les voies ouvertes à la circulation. Un plan de circulation spécifique règlemente les différents accès.

Durant la période hivernale, certaines voies sont fermées à la circulation.

Ceci afin de ne pas troubler la quiétude des lieux et ne pas gêner ou mettre en danger les autres usagers.

Activités de sports et de loisirs réglementées

Les nouvelles manifestations et activités de sports ou de loisir sont réglementées.

La pratique de l’attelage de chiens de traîneaux est interdite

Camping et bivouac

Le campement sous tente, dans un véhicule ou tout autre abri (y compris abris forestiers) est interdit sur l’ensemble du territoire de la Réserve.

Passage de nuit

Le campement sous tente, dans un véhicule ou tout autre abri (y compris abris forestiers) est interdit sur l’ensemble du territoire de la Réserve.

Feu

Il est interdit de faire du feu dans la Réserve en dehors des places prévues dans les abris forestiers (poêles, cheminées).

Cette interdiction relève également du code forestier et s’applique dans toutes les forêts, qu’elles soient ou non en Réserve Naturelle.

Déchets

L’abandon de déchets est interdit.

C’est une règle de bon sens qui doit également être appliquée en dehors de la Réserve Naturelle.

Cueillette et prélèvements

La cueillette ainsi que les prélèvements sont interdits (sauf cas particulier de la myrtille).

Certaines plantes, souvent rares, sont protégées à l’échelle nationale ou locale.

Cueillette de la myrtille

La cueillette de la myrtille est autorisée mais limitée à 3L par jour et par personne, dans le cadre d’une consommation familiale exclusivement.

L’usage du peigne est cependant interdit.

Chiens admis en laisse

Les chiens sont autorisés sur le territoire de la Réserve uniquement tenus en laisse.

Même de petite taille, les chiens sont perçus comme une menace par la faune sauvage. Ils peuvent également détruire les couvées des oiseaux nichant au sol ou blesser un animal. Le dérangement des animaux sauvages, notamment l’hiver, peut avoir de lourdes conséquences sur leur survie.